Crise des œufs en France : les rayons vides, une pénurie durable
Pénurie d’œufs en France : pourquoi les rayons se vident
Depuis plusieurs semaines, les consommateurs français constatent que les rayons d’œufs sont presque vides dans les supermarchés. Cette situation est inhabituelle, car la France est le premier producteur d’œufs de l’Union européenne. La demande explose, la consommation augmente, mais la production ne suit pas. La pénurie pourrait donc durer longtemps. Voici les principales raisons de cette crise et ce à quoi il faut s’attendre dans les mois à venir.
Une pénurie historique : le taux de rupture multiplié par 6
En 2025, selon le cabinet NielsenIQ, le taux de rupture des œufs atteint 13,3 %, contre seulement 2 % habituellement. Cela signifie qu’environ une boîte d’œufs sur sept est indisponible en magasin. David Lecomte, directeur Insight consommateur chez NielsenIQ, explique que ce niveau est rarement atteint, même en période de crise ou d’inflation élevée. En résumé, la situation est exceptionnelle et concerne une part importante des rayons.
Une demande en forte hausse : pourquoi les Français achètent-ils autant d’œufs ?
Plusieurs raisons expliquent cet engouement pour les œufs :
- Un produit très abordable : face à la hausse des prix de la viande et du poisson, les œufs apparaissent comme une alternative économique.
- Une source riche en protéines : ils attirent notamment les sportifs, les familles et ceux qui recherchent une alimentation protéinée à prix raisonnable.
- Une préparation simple et rapide : omelette, œuf dur ou au plat, c’est un aliment facile à cuisiner, polyvalent et accessible à tous.
En conséquence, la consommation moyenne par personne a atteint 226 œufs en 2024, soit environ 4 œufs par semaine.
Une production française qui ne suffit plus
En 2024, la France a produit 15,4 milliards d’œufs. Toutefois, cette quantité ne répond plus à la demande croissante. Alice Richard, directrice de l’interprofession des œufs (CNPO), prévoit que la tension pourrait durer jusqu’au second semestre 2026. Pour rétablir l’équilibre, la France aurait besoin d’ajouter un million de poules chaque année, ce qui nécessiterait la construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030. Cependant, ces projets rencontrent plusieurs obstacles :
- Des démarches administratives longues et complexes,
- Des contestations de riverains,
- Des exigences environnementales strictes.
Les nouvelles exploitations doivent aussi faire face à la grippe aviaire, qui a entraîné l’abattage massif de volailles ces dernières années, ralentissant la production et faisant peser une perte de revenus durable pour les éleveurs.
La grippe aviaire, un facteur aggravant
Les élevages ont été fortement touchés par la grippe aviaire, ce qui a obligé à abattre des milliers de volailles. Ces mesures ont ralenti la production et contribué à la pénurie actuelle.
Une dépendance accrue aux importations européennes
Pour faire face à la demande, la France doit importer davantage d’œufs de ses voisins européens. Cependant, cette solution a ses limites : plusieurs pays connaissent aussi une forte hausse de consommation, ce qui réduit leur capacité d’exportation vers la France.
Faut-il craindre une hausse des prix ?
Pour l’instant, aucune augmentation spectaculaire des prix n’a été constatée. Néanmoins, la demande continue de croître, l’offre reste insuffisante, et importer des œufs coûte plus cher que de produire localement. Cela pourrait entraîner une hausse progressive des prix en 2025–2026.
