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Pourquoi avez-vous encore faim après un repas?

Il est fréquent de ressentir une sensation de faim, même après avoir mangé un bon repas. Certains se demandent pourquoi ils ont toujours envie de manger, ou se retrouvent à ouvrir le placard à biscuits peu de temps après le déjeuner.

La faim ne se limite pas à un simple gargouillis dans l’estomac. Lorsque l’estomac se vide, il libère une hormone appelée ghréline, connue comme « l’hormone de la faim ». Cette hormone envoie un signal à l’hypothalamus, une zone du cerveau qui contrôle aussi la soif, le stress et certaines émotions. Cela déclenche la sensation de faim, accompagnée de la sécrétion de dopamine, une hormone liée au plaisir et à la motivation. Cependant, d’autres facteurs que la nourriture elle-même peuvent brouiller ces signaux.

Stress et émotions : quand le cerveau réclame à manger

Le stress et l’envie continue de manger

Pour beaucoup de spécialistes de la nutrition, le stress est souvent la principale cause de cette faim constante. Lors de pics de cortisol, l’hormone du stress, les envies de manger, notamment des aliments gras ou sucrés, augmentent. Le nutritionniste Dustin Moore indique que plusieurs études montrent que des situations de stress aigu entraînent une augmentation de la consommation d’énergie.

Dans ce contexte, il devient difficile de distinguer une vraie faim d’un besoin de réconfort. Nicolas da Silva, diététicien, rappelle que la faim émotionnelle est aussi réelle que la faim physique. Il insiste sur le fait que le problème n’est pas l’envie de manger, mais la culpabilité qu’elle peut générer.

Il conseille de ne pas se culpabiliser. Au lieu de lutter contre cette envie, il recommande d’y répondre. Se restaurer lorsqu’on en a envie permet un meilleur apaisement que de résister pendant plusieurs jours, ce qui peut mener à des crises de compulsions.

Retenir une envie de manger sur le long terme peut nourrir la frustration, pas la sérénité.

Le rassasiement sensoriel : quand l’estomac est plein mais pas le cerveau

Coralie Costi, diététicienne, évoque ce qu’elle appelle le « rassasiement sensoriel spécifique ». Elle décrit une situation courante : on peut avoir envie d’un cookie, mais, pensant que ce n’est pas « healthy », on opte pour un yaourt, une pomme, puis des amandes. L’estomac est rassasié, mais le cerveau n’a pas été satisfait. Au final, on peut finir par manger plusieurs aliments, voire le cookie en dernier.

Ce phénomène montre que si l’on ne répond pas à l’envie précise du moment, le cerveau continue d’envoyer des signaux de faim ou de manque. L’estomac se remplit, mais le besoin de plaisir reste intact. La diététicienne souligne que cette envie n’est pas seulement pour combler un besoin physiologique, mais aussi parce que manger procure du plaisir.

Elle recommande d’observer ses émotions pour mieux comprendre ces envies, plutôt que de se juger ou de se surveiller en permanence.

Observer ce qui se passe émotionnellement aide à mieux gérer ces envies, plutôt que de se culpabiliser.

Hormones, sommeil et mode de vie : des facteurs influant sur la faim

Les fluctuations hormonales lors de la ménopause

Les modifications hormonales, notamment à la périménopause et à la ménopause, peuvent profondément changer la sensation de faim. La ménopause est considérée comme commencée lorsqu’une femme n’a pas eu de règles depuis un an. Avant cela, des symptômes comme bouffées de chaleur, troubles du sommeil, sautes d’humeur et brouillard mental apparaissent souvent.

Selon Léna Guiguen, diététicienne, ces changements hormonaux peuvent perturber les repères habituels. Elle observe que les femmes ont souvent moins d’appétit, mais continuent à manger comme avant. La baisse des œstrogènes, en particulier, enlève un frein naturel à la faim, ce qui peut donner une impression d’appétit accru, tout en étant fatiguée ou irritable.

Elle conseille d’être à l’écoute de son corps plutôt que de suivre des règles strictes. La digestion peut aussi devenir plus compliquée, avec des alternances de diarrhée et de constipation, ou une moindre tolérance à certains aliments comme la viande.

Le sommeil, un facteur clé

Le manque de sommeil est un autre élément souvent sous-estimé. Il influence la sensation de faim via les hormones. Selon Dustin Moore, un sommeil insuffisant augmente la production de ghréline, qui stimule l’appétit, et diminue celle de leptine, qui le freine.

Après plusieurs nuits écourtées, il devient courant de ressentir des fringales, surtout en fin de journée, avec une attirance pour les aliments très énergétiques. Pour réduire cette sensation, il est recommandé d’améliorer la qualité du sommeil et la composition des repas. Augmenter l’apport en protéines, entre 1 et 1,2 g par kilo de poids, peut aussi aider à réduire les envies de sucre.

Autres raisons possibles d’avoir toujours faim

Les médicaments qui augmentent l’appétit

Certaines substances médicamenteuses peuvent aussi provoquer une augmentation de la faim. Parmi elles, on trouve certains corticoïdes, traitements contre le cancer, gabapentine, antidépresseurs tricycliques ou antihistaminiques anciens. Ce n’est pas une faiblesse, mais un effet secondaire connu.

Il est conseillé d’en parler à son médecin si ces changements surviennent, afin d’évaluer si une alternative est possible ou de bénéficier d’un accompagnement adapté.

La soif déguisée en faim

Un autre piège courant est la déshydratation. Le cerveau confond souvent la sensation de soif avec celle de faim, car ces signaux proviennent de zones proches dans l’hypothalamus. Résultat : on grignote alors qu’un verre d’eau aurait suffi.

Pour soutenir le cerveau et l’humeur, Léna Guiguen recommande d’intégrer des oméga-3 dans son alimentation, notamment via des petits poissons gras comme la sardine. Si ces aliments ne sont pas appréciés ou consommés en quantité suffisante, une supplémentation en oméga-3 à base d’huile de poisson ou d’algues peut être une solution.

Sport intensif et besoin accru en calories

Les personnes qui pratiquent une activité sportive intense, comme la préparation d’un semi-marathon ou la musculation, peuvent aussi ressentir une faim accrue. Si leurs apports en glucides complexes et en protéines ne suivent pas, leurs muscles manquent de carburant, ce qui envoie un signal de faim plus fort au cerveau.

Les experts insistent sur l’importance de repas structurés et rassasiants. Les féculents, par exemple, ne doivent pas être bannis. Ils aident à calmer la faim physiologique et à réduire les envies de grignotage impulsives.

Il est également conseillé de manger en pleine conscience, en prenant le temps de savourer chaque bouchée. Plus on est attentif à son repas, plus la sensation de satiété arrive au bon moment, évitant ainsi de manger par ennui ou pour se réconforter.

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