Charcuterie : Trois entreprises accusées de tromperie sur le jambon de luxe
Trois entreprises poursuivies pour de fausses déclarations sur la qualité de leurs jambons
Trois sociétés franciliennes spécialisées dans la charcuterie — Casa Ramon, le Comptoir du Pata Negra et ABG Holding — sont actuellement visées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Elles sont soupçonnées d’avoir utilisé à tort les appellations prestigieuses « pata negra » et « bellota » pour promouvoir leurs produits.
Ces termes désignent des jambons ibériques d’exception, issus de porcs noirs nourris aux glands, connus sous le nom de « bellotas » en espagnol. Ces jambons sont très prisés pour leur chair fondante et leur goût de noisette, et peuvent se vendre plusieurs centaines d’euros la pièce.
L’enquête de la DGCCRF a révélé que ces entreprises utilisaient ces dénominations de manière abusive, alors que leurs produits ne remplissaient pas les critères requis pour porter ces appellations. Selon l’autorité, cette pratique a causé « un préjudice important aux intérêts des consommateurs » qui pensaient acheter des produits de haute qualité.
Des poursuites après un refus de payer une amende
Initialement, ces sociétés auraient pu être sanctionnées par une amende administrative. Cependant, elles ont refusé de payer les amendes transactionnelles proposées par la DGCCRF. En conséquence, le procureur de la République de Créteil a décidé de poursuivre ces entreprises pour pratiques commerciales trompeuses.
Chacune d’entre elles risque une amende pouvant atteindre 1,5 million d’euros. Ce montant peut également représenter 10 % du chiffre d’affaires annuel moyen de l’entreprise. La justice doit examiner cette affaire lors d’une audience prévue le 5 janvier 2026 devant la 9e chambre correctionnelle du tribunal de Créteil.
Ivan Itzkovitch, avocat des sociétés Casa Ramon et Comptoir du Pata Negra, a réagi à cette procédure : il conteste toute infraction, affirmant que le dossier est basé sur des statistiques et que aucun contrôle sur place n’a été effectué. Il a également exprimé sa surprise face à la communication du parquet, soulignant que les infractions n’ont pas encore été reconnues par un tribunal.
Une vigilance renforcée contre les fraudes alimentaires
Cette affaire illustre la vigilance accrue de la DGCCRF face aux fraudes liées à l’origine, à la qualité ou à l’étiquetage des produits alimentaires. En 2024, ses agents ont inspecté près de 65 000 établissements et sites internet dans tous les secteurs. Ces contrôles ont abouti à 2 356 amendes administratives et à plus de 3 400 transmissions au parquet, selon les données rapportées par Les Échos.
Les autorités ciblent particulièrement les faux labels ou appellations abusives, notamment sur les produits haut de gamme. La DGCCRF multiplie les contrôles pour protéger les consommateurs, mais aussi les producteurs honnêtes, qui subissent la concurrence de pratiques trompeuses. La justice doit maintenant trancher dans cette affaire.
